Être motivé.

La motivation est le moteur de l’apprentissage.

Au cours de mes lectures sur ce sujet, j’ai souvent pensé aux élèves que j’accompagne. Leur motivation est essentielle. Leurs difficultés dues aux troubles dys (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie …) leur demandent de redoubler d’efforts par rapport aux autres. Si la motivation n’est pas au rendez-vous, ces enfants, plus que les autres, risquent de perdre espoir et de subir leur scolarité.

Comment  les aider à trouver leur motivation ?

Regardons tout d’abord des explications théoriques ici, avant d’aborder des exemples plus pratiques dans le prochain article.

Sommaire​

La motivation : c'est quoi ?

La motivation est ce qui nous permet de faire des choix dans la vie.

Il existe deux types de motivation : celle de la finalité et celle des moyens. La première est centrée sur le but final, tandis que la seconde se compose des activités pratiquées. Par exemple, devenir un guitariste talentueux est une finalité, jouer de la guitare est un moyen (un moyen pour savoir jouer un morceau…).

Une motivation forte et durable allie ces deux types. En effet, celle de la finalité est très forte au départ, mais elle ne peut pas durer, car seule, elle sera  probablement vouée à l’échec. Elle ne donne pas les moyens d’atteindre l’objectif souhaité.  La motivation des moyens est suffisante pour prendre plaisir à une activité, mais elle risque de s’essouffler en se perdant dans des actions mécaniques. Elle ne suffit pas pour réussir un projet personnel.

Être motivé par la finalité

La motivation de la finalité peut donner du sens à sa vie, comme une mission de vie.

Elle est souvent attachée à une dimension du beau, du vrai, du bien. Elle adhère à ces sentiments de façon personnelle et profondément. Ainsi, la motivation peut s’engager à ces valeurs qui l’animent.

Être motivé par les moyens

La motivation des moyens concerne les activités pratiquées.

On peut être motivé par ce que l’on réalise car cela procure du plaisir. On se trouve dans un état, appelé le « flow » par Mihaly Csikszentmihalyi,  où l’on ne voit plus passer le temps tant l’activité que nous faisons nous captive et nous apporte de la satisfaction.

Etre motivé par les moyens
Photo by pixabay

Comment être motivé ?

Nous avons vu ce qu’est la motivation, sous ses 2 formes (la finalité et les moyens). Voyons les 4 piliers qui vont pouvoir la consolider : les évocations, le sentiment de compétence, la volonté et l’émotivité.

S'appuyer sur les évocations

Pour Antoine de la Garanderie, l’évocation est la mise en paroles ou en images de ce que l’on a au préalable, observé ou ressenti.

Pour être vraiment motivé, il faut s’appuyer sur les évocations.

La personne, désireuse de jouer un morceau célèbre à la guitare, doit évoquer non seulement le morceau qu’elle aimerait jouer, mais aussi tous les moyens et toute la technique pour y arriver.

Ces évocations permettent de coder mentalement des modèles regardés et écoutés afin de se les approprier, en s’y exerçant, en les adaptant. Exceptés pour quelques personnes qui le font intuitivement, il faut avoir la ferme intention d’évoquer. Cela pourra devenir par la suite une habitude. Et une fois celle-ci installée, l’évocation se fera inconsciemment.

Évoquer, selon que l’on vise la motivation de la finalité ou celle des moyens, nécessite une démarche différente. Si l’on est déjà motivé par la première, on doit ralentir ses pensées pour accéder à une évocation des moyens qui concerne les détails.

En revanche, si l’on est déjà motivé par les moyens, on doit regarder plus loin, pour trouver une évocation des fins. Un élève ayant des facilités en mathématiques, mais étant peu motivé, devra porter un regard extérieur pour trouver une motivation sur une finalité. Au plaisir de bien s’exercer, s’ajoutera une dimension plus grande. Par exemple, il pourrait apprécier l’exactitude de cette science.

Se sentir compétent.

Il serait normal de penser que l’on n’est motivé que pour les choses que l’on est capable de faire.

Un élève dira qu’il n’est pas motivé par la matière dans laquelle il obtient de mauvais résultats. Ce renoncement, souvent dû à la politique de sélection de notre société, de l’école, doit être dépassé.
 

Les écoles et les titres ne sont que des moyens et non des fins pour fonder la motivation d’un élève. Car ce ne sont pas les seules voies, et pas toujours les meilleures pour lui.

Pour que l’élève puisse trouver son chemin, il doit être humble et ne pas attendre d’être confronté à l’échec. La motivation est une question de finalité personnelle.

Fort de cette prise de conscience, il faut alors bien user de ses capacités mentales pour rester motivé et réussir dans sa voie. 

Être attentif, mémoriser, comprendre, imaginer sont les moyens qui accompagnent toute activité. Il est donc important d’apprendre à s’en servir. Et la joie qui découle de leur mise en œuvre nourrit le sentiment de compétence.

Entraîner la volonté.

Il faut faire la distinction entre être motivé par une activité qui demande de la volonté et être entraîné par celles qui ne nécessitent aucun engagement (ordinateur, sortie…).

La véritable volonté, propre à l’individu, est celle qui lui permet de se retrouver avec lui-même. Elle est au service de sa liberté et ne que dépend de lui-même.

Elle a besoin de quatre éléments : la maîtrise de soi, la décision, la ténacité et l’initiative.

La maîtrise de soi est la faculté à ne pas succomber en aveugle à sa spontanéité. La décision reconnaît l’individu comme un acteur responsable. La ténacité traduit la force à surmonter les obstacles. Et l’initiative est la faculté de pouvoir prendre des risques mesurés, hors des sentiers battus.

Ces quatre facteurs interagissent.

L’éducateur pourrait penser que l’enfant doit d’abord savoir se maîtriser et faire preuve de ténacité, pour pouvoir prendre des décisions et des initiatives. Malheureusement cette croyance crée soit un sentiment de dépendance pour le jeune en apprentissage vis-à-vis de l’adulte, soit un état de révolte. L’enfant qui refuse la cuillère que l’on va mettre dans sa bouche pour le faire manger souhaite apprendre à manger tout seul. L’adulte échoue car il est parti du principe que la maîtrise de soi allait engager la bonne décision : manger. Il suffit de lui donner une cuillère et le laisser essayer pour qu’il accepte à nouveau la nourriture de la main de l’adulte. Ici, c’est l’initiative qui engage la maîtrise de soi.

Pour aider les enfants à mieux accepter les exigences des acquisitions fastidieuses, il est important de leur expliquer les finalités. Grâce aux évocations de celles-ci, les enfants trouveront un sens aux apprentissages. En les incitant à faire des évocations de leur choix, les jeunes peuvent exercer leur volonté, en mettant en œuvre leur maîtrise de soi, leur décision, leur ténacité et leur initiative.

Billy Elliot

Mobiliser l'émotivité.

Certains enfants ne parviennent pas à être motivés car ils sont assaillis par trop d’émotivité. Leur incessant questionnement sur toute chose les angoisse. Puis, paralysés par leur peur, ils font preuve de blocage.

Pour se dégager de cette peur paralysante, l’angoisse ne doit pas être niée. Elle doit être prise en compte et considérée comme une source mobilisatrice qui va faire découvrir de nouvelles solutions. Comme un acteur, qui envahi par le trac, extrait de son angoisse des ressources pour jouer son rôle avec force.

Comment éduquer la motivation ?

L'éducateur

Un éducateur, qui souhaite motiver un enfant, peut avoir un effet d’acceptation ou de rejet de ce dernier. Si l’éducateur a toujours fondé sa propre motivation exclusivement sur l’un des 4 éléments de la volonté, il est convaincu de son efficacité seule . Il souhaite alors le transmettre au jeune. Cela peut avoir un effet nocif. L’enfant, selon s’il a tendance à accepter ou à rejeter les conseils de son éducateur, peut ne voir que cette facette de la volonté, ou a contrario, la condamner en bloc. Par ailleurs, l’éducateur peut omettre certains traits de la volonté, qu’il a acquis sans effort ou qu’il pense innés pour tous, et il oublie alors de les transmettre.

Il est  donc important que l’éducateur connaisse ses propres habitudes qui nourrissent sa volonté avant d’éduquer l’enfant. Il doit faire un travail sur lui-même pour comprendre ce qui le caractérise. Ainsi, il peut appréhender ses différences avec son élève. Pour s’intéresser à ses ressources personnelles, l’éducateur doit faire un retour sur soi, une introspection.

L’élève composant, celui qui accepte, a besoin d’être approuvé. L’opposant, de critiquer. Dans les deux cas, il a besoin d’être reconnu. Et cette reconnaissance n’est pas la même pour chacun d’eux. Elle peut être compliquée si l’éducateur n’a pas lui-même le même profil. « Le composant réagit à l’opposant en composant encore ; l’opposant en s’opposant encore « . L’éducateur a donc intérêt à intégrer ces deux modes de fonctionnement pour créer une relation harmonieuse.

L'entraide et la compétition

Les raisons pour lesquelles une personne est composante ou opposante peuvent être multiples. La première a besoin des autres pour grandir et pour affirmer sa raison d’être. Tandis que la deuxième a besoin de se distinguer et de se construire à partir de ses propres ressources, pour se faire reconnaître des autres.

Le composant est davantage motivé dans une pédagogie de l’entraide, dans la communication des moyens pour que chacun en tire parti. Il discerne les qualités d’autrui et les siennes, mais manque d’esprit critique sur les faiblesses des autres et de lui-même. Aussi face à l’adversité qui le met en difficulté, il se décourage et renonce. Par contre, l’opposant est motivé par une pédagogie de la compétition, par l’exigence de protéger son originalité, afin d’être accepté pour ce qui fait sa propre différence.

Le composant doit se mettre en projet d’évoquer les faiblesses des autres et les siennes comme le fait l’opposant. Ce dernier, au contraire, doit évoquer les qualités des autres et les siennes (comme le composant), afin de s’améliorer, pour acquérir une nouvelle qualité ou modéliser sa réussite, même lorsque son but a été atteint.

La motivation est d’autant plus riche si elle est nourrie par l’entraide, mais aussi par la compétition qui encourage le surpassement.

entraide
Photo by pixabay

La pédagogie de la motivation

Trois points importants servent la pédagogie de la motivation.

Des échanges au sein d’un groupe, animés par une personne, peuvent permettre de faire prendre conscience à chacun de ce qui le motive ou pas, et de s’inspirer de l’expérience d’autrui. L’éducateur anime le partage avec des questions précises qui ont pour but que chacun découvre son schéma de motivations, et en fasse profiter les autres.

– Dans toute situation éducative, il est nécessaire de faire comprendre, et d’utiliser à bon escient, l’esprit d’entraide et celui de la concurrence. Tout excès de l’un ou de l’autre est contre-productif pour une motivation durable.

– La motivation doit toujours reposer sur ces 3 principes. Le premier est que chacun doit accepter sa volonté de liberté. Le deuxième est que chacun doit prendre conscience de tous les moyens qui sont à sa disposition ou pourraient l’être pour exercer sa liberté. Enfin, le dernier est que l’individu, tout comme le groupe, doit partager ses expériences, ses connaissances, pour construire une vie en communauté meilleure. Communiquer ne veut pas dire renoncer à son devenir personnel, bien au contraire.

En conclusion

Pour connaître une véritable motivation, il faut s’intéresser à donner du sens à son projet par rapport à soi-même, et non autrui.

  • En se connaissant mieux soi-même,
  • en établissant un lien entre son intérieur et son projet,
  • en évoquant ses observations pour les faire revivre dans ses actions,
  • en partageant ses connaissances,

on peut accéder à une motivation plus profonde et durable.

Merci pour votre lecture.

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Prochain article : En pratique ...

Je vous propose dans le prochain article, une mise en pratique de ce qui vient d’être dit, avec des exemples, des idées

Bibliographie

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