Les 10 bonnes habitudes pour les enfants dys et leurs parents

Presque la moitié de l’année scolaire vient de passer. Et tout n’a pas été rose : le premier bulletin, la course pour les prises en charge, les rencontres avec les enseignants, les tensions pour les devoirs …

Que souhaiter comme bonnes résolutions pour espérer des changements positifs pour cette nouvelle année ?

Je vous propose les 10 bonnes habitudes pour les enfants dys et leurs parents.

1. Fixez-vous des objectifs clairs, atteignables et progressifs

La première des résolutions est celle qui nous permettrait de nous engager vers des progrès avec confiance et patience.

S’imposer des résolutions trop difficiles à tenir serait voué à un abandon et de ce fait à beaucoup de déception.

Il est donc primordial de se donner des objectifs clairs, atteignables et progressifs.

Fixez-vous des objectifs clairs, atteignables et progressifs
Photo by Aaron Burdenon

Ils dépendront de l’âge de l’enfant, de ses difficultés, de ses troubles dys et de son environnement scolaire et familial.

Je me souviens l’année précédente m’être fixé 3 objectifs.

– Le 1er était d’avoir confiance en mon enfant dys. Confiance en ses forces, en ses qualités sur lesquelles il pourrait s’appuyer : son humour, son imagination, son intelligence. Cette ligne directrice m’a souvent aidée.

– J’avais aussi fait le choix de me recentrer sur les besoins essentiels de mon enfant. Tout d’abord sur son bien-être, puis trouver un bon équilibre entre son autonomie et ses besoins d’aides.

– Pour finir, j’ai aussi souhaité revoir les suivis paramédicaux, dont nous allons parler dans la seconde bonne résolution.

Et vous, quels vont être vos objectifs ?

2. Soyez accompagné par les professionnels compétents

Il est impératif que votre enfant soit diagnostiqué s’il rencontre des difficultés lors des apprentissages scolaires. Ce diagnostic sera posé par un médecin. Il s’appuiera des bilans de spécialistes (orthophoniste, psychomotricien, neuropsychologue, ergothérapeute, psychologue…).

Suite à ce ou ces diagnostics, un ou plusieurs suivis seront proposés à votre enfant. Il est donc important que ces suivis soient mis en place par les « bons » professionnels. En effet, chacun a un champ d’action bien spécifique.

Il est donc important de choisir les axes de travail prioritaires, selon le type de troubles dys. Très souvent, l’orthophoniste est le plus sollicité dans ces troubles.

Soyez accompagné par les professionnels compétents
Photo by pixabay

N’attendez pas pour demander un suivi, car il n’est pas rare que ces professionnels n’aient plus de place. Si possible rencontrez l’orthophoniste au préalable afin de connaître les modalités de son suivi.

Sur quels troubles portera sa rééducation ? Par exemple, les dyscalculies ne sont pas traitées par tous les orthophonistes.

À quelle régularité seront prévus les rendez-vous ? Il y a-t-il un suivi pendant les vacances ?

Le professionnel communiquera-t-il avec les autres intervenants (enseignants, thérapeutes, parents…)?

La disponibilité du spécialiste et les temps de trajet pour se rendre aux rendez-vous sont à prendre en compte. Vous devez optimiser l’emploi du temps de l’enfant et éviter de le surcharger.

Bien sûr, la condition primordiale pour que le suivi soit efficace est que l’enfant puisse se sentir à l’aise avec le professionnel.

De plus, il doit y avoir une relation de confiance entre le spécialiste et les parents. Il nous est aussi arrivé de demander la présence des intervenants pour les réunions en équipe éducative.

Si cela est nécessaire, n’hésitez pas à en changer.

Je me souviens de la première orthophoniste de mon fils. Elle était compétente, à l’écoute, bienveillante. Je l’appréciai vraiment. Par contre, notre enfant évitait tout ce qui concernait l’apprentissage des lettres. Nous essayâmes alors avec une autre orthophoniste. Avec elle, notre fils ne tentait plus de détourner les activités proposées.

3. Evitez les comparaisons entre l'enfant dys et ses pairs

Les troubles dys sont considérés comme un handicap. Ils gênent considérablement et durablement, les apprentissages et la vie quotidienne de la personne touchée. Aussi, comme tout autre handicap, celui-ci doit être pris en compte. On ne demande pas à un aveugle de courir un sprint. Même si les troubles dys sont un handicap invisible, on ne peut pas attendre les mêmes compétences.

Evitez les comparaisons entre l'enfant dys et ses pairs
Photo by pixabay

Par conséquent, cela n’a pas de sens de comparer un enfant dys avec ses pairs (les enfants du même âge, dans la même classe). L’enfant, de lui-même, se comparera certainement. Comment ne pas se référer aux autres ? L’espoir de vivre et d’avancer comme eux est naturel. Il est important de lui apprendre le plus tôt et le plus souvent possible de se centrer sur ses forces et ses faiblesses, et de ne pas s’occuper de ses pairs.

Son entourage devra observer les progrès de l’enfant, et non son niveau par rapport aux autres. Dans un groupe, il est primordial de faire comprendre les différences de chacun et en particulier celles des dys. Ainsi ils seront mieux intégrés au sein du groupe. Et la compréhension des enfants dys pourra même être enrichissante pour les autres élèves.

Certaines associations (comme l’Apedys) proposent d’expliquer les troubles dys dans les établissements scolaires. C’est vraiment une opportunité très constructive dont il faut profiter. Les associations des parents d’élèves peuvent contacter ces associations pour organiser ces conférences.

L’enfant dys, qui se sent accepté, compris et dont on reconnaît ses qualités, évoluera mieux avec ses pairs.

4. Ne restez pas seul

Il est souvent très salvateur de ne pas s’isoler quand un enfant a un trouble dys. La situation étant peu comprise par l’entourage et l’extérieur, l’isolement est souvent le piège dans lequel les familles se retrouvent.

Ne restez pas seulPhoto by pixabay

Pourtant, pour les parents et les enfants, parler de leurs difficultés, peut être salvateur. Il faut communiquer avec des personnes sensibilisées par ces troubles.

  • Avec les professionnels : psychologue, neuropédiatre, orthophoniste, psychomotricien, enseignant (de l’établissement scolaire ou extérieur)… Vous-même et votre enfant devriez vous sentir aidés et en confiance.
  • Il y a de nombreuses associations impliquées dans les troubles dys. La Fédération Française des Dys regroupe les associations des troubles spécifiques du langage et des apprentissages. Leur site internet (http://www.ffdys.com/ ) informe sur les troubles cognitifs : dyslexie, dysphasie, dyspraxie…

Adhérer auprès d’associations permet d’être informé et soutenu par des bénévoles qui sont aussi des parents d’enfants dys. Ils comprennent vos problématiques du fait de les avoir parfois vécues. J’ai moi-même adhérer à plusieurs associations depuis plusieurs années. Cela m’a beaucoup aidé pour diverses raisons (scolaires, soutien moral…).

  • Rencontrer d’autres parents d’enfants dys permet de se sentir moins seul. Vous pouvez les rencontrer au sein d’associations qui organisent des rencontres. Vous pouvez partager avec elles via des groupes de discussions sur Internet. Il existe des groupes privés sur Facebook auxquels vous pouvez demander d’être intégré. Les échanges se feront avec spontanéité, sans toutefois l’expérience d’une association ou l’expertise d’un spécialiste.

Personnellement, j’ai fait la connaissance d’une maman d’un enfant dys par le biais d’une activité que pratiquait mon fils. Nous avons sympathisé et nous sommes restés en contact. J’aime beaucoup discuter avec elle, connaître nos difficultés communes et partager nos progrès. Les enfants s’apprécient aussi, parce qu’ils savent qu’ils ont des points communs.

5. Appliquez les bonnes méthodes de travail

Les neurosciences actuellement parlent beaucoup de la plasticité du cerveau. Plus on muscle le cerveau pour un apprentissage cognitif, plus il sera capable de le reproduire. Il utilise soit des circuits neurologiques habituels, soit de nouvelles zones pour compenser un déficit. Stanislas Dehaene s’appuie sur de nombreuses études scientifiques (avec l’imagerie cérébrale) pour conseiller des méthodes d’apprentissage.

Les neurones de la lecture - Stanislas Dehaene

  • Structurer et aller à l’essentiel :

Il est important d’apprendre en structurant, sans sauter des étapes. Maria Montessori avait compris que « tout dans l’ambiance de l’enfant devait être mesuré et ordonné, et que c’est du manque de confusion et de superflu que naissent précisément l’intérêt et la concentration ».

L'enfant - pédagogie Montessori

Stanislas Dehaene prône aussi des enseignements structurés et cohérents. Ils recommandent aux enseignants d’utiliser des matériaux attrayants mais qui ne distraient pas l’enfant de sa tâche primaire.

Le challenge est alors de canaliser et captiver l’attention de l’enfant afin qu’il puisse profiter de manière optimale d’enseignements structurés et essentiels. Un défi d’autant plus grand pour les dys.

  • Éviter la surcharge cognitive :

Ces fondements étant posés, d’ailleurs valables pour tous les élèves, il est important d’éviter toute surcharge cognitive pour l’enfant dys. C’est ce que nous verrons dans le prochain paragraphe.

6. Adaptez autant que possible les supports et les cours

Adapter encore et encore les supports d’apprentissage pour votre enfant dys. Il faut éviter toute surcharge cognitive qui épuiserait inutilement l’enfant.

Il y a de nombreux outils permettant de faire des adaptations. Pour chaque étape des apprentissages : compréhension, mémorisation, entraînement et évaluation. Ils permettent d’éviter à l’élève d’être dans la double tâche, c’est-à-dire d’avoir à se concentrer, en plus de la tâche demandée, sur ses difficultés dues à ses troubles.

Adaptez autant que possible les supports et les cours
Photo by Javier Quesada

Voici une liste non exhaustive :

Pour la lecture :

  • Présentation épurée et aérée des textes et de tous supports.
  • Colorisation des caractères, des syllabes, des mots, des sons complexes et des lignes.
  • Espacement des caractères, des mots et des lignes pour améliorer la lisibilité du texte.
  • Repérage de la gauche et de la droite sur la page.
  • Police Open Dyslexic, de taille suffisante.
  • Ecoute de textes audio.

Pour l’écriture :

  • Utilisation de l’ordinateur (penser à l’apprentissage du clavier).
  • Utilisation des logiciels de synthèse vocale.
  • Accompagnement par un AVS, un élève tuteur, l’enseignant lui-même, un scripteur (pour les examens DNB, BAC…).
  • Privilégier l’oral, sans pour autant supprimer le geste d’écriture qui peut être formateur pour certains apprentissages.

Plus généralement :

  • Enregistrer ce qui doit être mémorisé.
  • Donner plus de temps.
  • Alléger les tâches.
  • Utiliser d’autres outils numériques, si nécessaire.

7. Nourrissez la motivation de votre enfant

Devant tous les efforts insuffisamment reconnus, rester motivé est très compliqué pour un enfant dys.

Et sans motivation, les progrès sont infimes, et parfois la spirale de l’échec scolaire se met en route.

Il est donc primordial de s’occuper de la motivation de son enfant pour persévérer dans un cercle vertueux.

Mais tout d’abord, c’est quoi la motivation?

La motivation est l’énergie qui nous pousse à agir pour des raisons personnelles ou pour atteindre un objectif.

La motivation peut varier d’un individu à un autre : elle repose sur un système de valeurs qui dépend du vécu de la personne.

Elle entretient un rapport entre les bénéfices résultants de l’action et les efforts nécessaires pour la réaliser. Elle peut être améliorée grâce au renforcement positif ou la récompense. À l’inverse, le renforcement négatif ou la punition va la détériorer.

Elle peut s’auto -alimenter, c’est-à-dire l’accomplissement des tâches apporte de l’énergie indépendamment du résultat et de la reconnaissance.

Pour nourrir la motivation de son enfant, on peut lui insuffler des raisons pour l’encourager à persévérer dans ses efforts. Et il ne s’agit pas seulement du principe de la carotte et du bâton.

Mais la meilleure source des motivations vient de soi-même. Trois éléments peuvent la nourrir.

  • L’action : Agir, soi-même, à son niveau, à son rythme, à sa façon.
  • La compétence : Se sentir de plus en plus compétent et capable.
  • La cible atteinte : Être heureux de l’objectif obtenu, du défi réussi.

Ces techniques sont même utilisées dans le monde de l’entreprise.

Le livre La vérité sur ce qui nous motive de D. Pink est une référence sur le sujet.

La vérité sur ce qui nous motive

Il explique que l’autonomie, la maitrise et la finalité sont les trois éléments essentiels pour accroître la motivation.

L’enfant dys peut aussi s’inspirer de mentor ou de modèles.

De nombreuses personnes célèbres ont réussi, tout en étant dyslexiques. Les scientifiques Darwin, Edison, Einstein…, les hommes d’affaires Richard Branson, Steve Jobs, William Hewlett, Thomas J. Watson, Ford…, les artistes Walt Disney, Steven Spielberg, Léonard de Vinci…, les politiques Churchill, Jefferson, Kennedy …. La liste est longue et ne cesse de s’allonger. Elle prouve que les dys peuvent réussir, et dans de nombreux domaines.

8. Valorisez ses efforts

Encouragez, félicitez, récompensez chacun des efforts de votre enfant dys. Ceux des autres membres de la famille, qui le soutiennent, et l’aident à progresser, peuvent être aussi encouragés.

Cette dynamique positive, qui valorise les efforts, sera contagieuse. Elle alimentera un cercle vertueux. Tous les moyens peuvent être bons pour encourager ! Des moments privilégiés à partager avec votre enfant ou en famille, des moments festifs, des cadeaux, des surprises de toutes sortes, et aux goûts de chacun. Les efforts seront alors associés à de la joie.

Et il est bien plus important de valoriser un effort plutôt qu’un résultat, même si celui-ci ne doit pas non plus être oublié. Il faut alors souligner à l’enfant que grâce à ses efforts, il a pu atteindre son objectif.

Les activités extra scolaires ou les loisirs sont de très bonnes occasions pour encourager les efforts. En effet, le plaisir et la motivation y étant souvent plus facilement présents. Les efforts prodigués et les réussites vécues pourront servir d’exemple pour le travail scolaire.

Sa participation aux tâches ménagères est aussi l’occasion pour lui de voir qu’il est capable de faire beaucoup de choses, de se rendre utile et d’en être fier.

Toutes les activités vécues avec plaisir et avec de la volonté ne peuvent être qu’enrichissantes pour un jeune ayant un trouble des apprentissages. De plus, elles mettent en œuvre des compétences nécessaires dans les apprentissages (mémorisation, expression, compréhension…). La pratique d’un instrument de musique est une activité très formatrice.

Valorisez ses efforts
Photo by Igor Ovsyannykov

Notre fils pratique avec beaucoup de plaisir le taekwondo. Il a pu se rendre compte par lui-même de l’importance de la mémorisation des techniques de cet art martial. Avec de la motivation et de l’entraînement, il a réussi tous ses passages de grade. Cela lui a permis de gagner en confiance en lui.

Je me souviens d’un jeune adulte dyslexique raconter lors d’une rencontre de parents dys, que l’athlétisme l’avait aidé à s’en sortir. Il comprit qu’en s’entraînant, il pouvait lui aussi réussir en sport et pour d’autres objectifs comme ses études.

9. Soyez patient

Laissez du temps à votre enfant pour qu’il puisse intégrer toute nouvelle habitude, sinon elle risquerait d’être vécue comme une contrainte. Il faut qu’il l’accepte comme un défi positif.

Soyez patient
Photo by Deniz Altindas

Et surtout ne culpabilisez pas, ni vous, ni votre enfant, si vous ne maintenez pas votre bonne habitude. Vous avez le droit à quelques écarts. Il suffit alors de les rattraper. Avec de nouvelles idées, vous pourrez rebondir de plus belle.

Dans cet engagement vers de nouvelles habitudes, le rythme de l’enfant doit être respecté. Ses troubles cognitifs ont un retentissement sur tout nouvel apprentissage, quel qu’il soit. Aussi une nouvelle habitude mettra certainement plus de temps à être acquise pour lui que pour un autre enfant.

Par ailleurs, entre les longues journées d’école et les prises en charge, votre enfant est souvent fatigué. Il faut accorder une grande importance à son sommeil. Limiter les écrans en soirée. Etre régulier sur l’horaire du coucher (même pendant les vacances). Instaurer un rituel calme au coucher (lecture avec votre enfant, relaxation, massage…). Lui faire pratiquer un sport. Veiller à ce qu’il prenne suffisamment le soleil (nécessaire pour la vitamine D et pour la régulation du cycle circadien).

Nous avons tous conscience qu’accompagner notre enfant dys met souvent notre patience à rude épreuve. Aussi il est important de savoir se préserver et de ne pas attendre que la fatigue nous envahisse.

Ne négligez pas le repos et la détente pour vous et votre enfant. Réservez-vous du temps où il n’y a rien à faire, pour vous-même et pour lui, même s’il se plaint de s’ennuyer.

10. S'acceptez et souhaitez progresser

Se connaître permet de s’accepter et d’apprécier sa personnalité. En connaissant son fonctionnement, en acceptant ses particularités, on est plus à même d’apprendre à déployer ses forces. Cela est valable pour tout le monde.

Faites le point sur l’année passée. Relevez, pour vous-même et pour votre enfant, toutes les réussites personnelles, les progrès, les actions, les projets réalisés ou mis en route. Vous aurez à coup sûr la satisfaction de vous rendre compte de toutes vos avancées. Il y en a forcément eu. Faites remarquer les siennes par votre enfant.

Mettez de côté les erreurs, ou plutôt, il suffit de les regarder d’un point de vue plus ouvert : comme des opportunités pour rebondir. Thomas Edison, qui était dyslexique, avait effectué 2000 tentatives, avant de réussir à inventer l’ampoule électrique.

S'acceptez et souhaitez progresser
Photo by Amuel Zeller

Parents ! Je fais le vœu que nous ayons toujours confiance en nous et en notre enfant dys.

Je vous souhaite une très belle année !

Merci pour votre lecture.

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Carole Bouyssou

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